Italie : le Parlement européen enquête dans les camps roms

Publié le par Adriana Evangelizt




Italie : le Parlement européen enquête dans les camps roms


Une europarlementaire néerlandaise des Verts se lève-t-elle pour s'enquérir de violences commises - à ses dires - par des carabiniers (gendarmes) à l'encontre d'enfants dans un camp rom de Naples et c'est presque une rixe qui se déclenche au Sénat italien. Plus tard, c'est une ONG qui n'est pas admise à la rencontre avec les députés européens pour avoir critiqué la composition de leur délégation - qui comprend à ses yeux trop d'élus italiens et surtout, conteste-t-elle encore, des membres de l'extrême droite et de la Ligue du Nord connus pour leurs propos contre les étrangers.

C'est dire le climat qui entoure la visite à Rome du groupe d'élus envoyés par le Parlement européen en Italie, jeudi et vendredi 19 septembre, pour rendre compte de la manière dont se déroule le recensement des Roms mis en place par le gouvernement Berlusconi. Le but de cette visite, explique le président de la Commission des libertés de l'Assemblée européenne, le libéral belge Gérard Deprez, est de voir clair "sur le climat à l'égard des étrangers irréguliers après l'adoption des mesures sur la sécurité comprenant, notamment, l'aggravation automatique des peines pour tout délit commis par les sans-papiers".

"ALORS, POURQUOI ?"

 

"Nous attendons de voir les informations que nous réussirons à obtenir", indiquait jeudi l'eurodéputé rom Viktoria Mohacsi, qui avait prévu de se rendre, vendredi, avec ses collègues, dans trois camps de la banlieue romaine, après avoir rencontré le ministre italien de l'intérieur et la commission chargée de la protection des droits individuels. Selon la députée, les pressions ont amené les autorités italiennes à se montrer plus prudentes. "Au moins 3 500 personnes, dont une cinquantaine de mineurs, avaient été interrogées et avaient dû donner leurs empreintes digitales à Naples avant que le gouvernement ne se corrige", a-t-elle précisé.

A Rome, troisième ville à avoir pratiqué le recensement, après Naples et Milan, la Croix-Rouge italienne a accepté de recueillir elle-même les informations. "Nous intervenons toujours là où se trouvent les personnes les plus vulnérables. C'était le cas avec les Roms", se justifie son président, Massimo Barra. Ses services ont déjà recensé 2 000 Roms. Il indique que les données sont transmises de façon anonyme aux autorités et seront utilisées pour établir une carte sanitaire qui donnera accès aux centres médicaux mobiles de la Croix-Rouge. "Nous le faisons dans leur intérêt et nous avons accepté cette mission parce que c'est ce que nous faisons quand nous intervenons dans des camps de réfugiés ou après un tremblement de terre", souligne M. Barra.

Ce recensement est loin d'être mal perçu chez les Roms de la capitale. Dans le camp de Barbuta, le long de la route qui mène vers l'aéroport de Ciampino, au sud-est de la capitale, où vivent environ 400 personnes - à moitié Sintis italiens et Roms venus de Bosnie - on semble l'attendre sans inquiétude. "Nous sommes dans ce camp qui devait être provisoire depuis treize ans. S'ils viennent pour savoir combien nous sommes et dans quelles conditions nous vivons, alors ils sont les bienvenus", lance Nazif, 75 ans. Autour de lui, sous la tôle ondulée qui couvre la véranda improvisée devant sa baraque, tous acquiescent. Sefko, lui, est plus amer. "Pourvu qu'ils ne fassent pas comme en 1938", lâche-t-il. "Comme tout le monde, nous sommes déjà recensés par l'Institut national de statistique, alors, pourquoi ?"

Salvatore Aloïse

Sources Le Monde

Posté par Adriana Evangelizt

Publié dans Histoire des Peuples

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