A Karachi, 14 millions de Pakistanais à la merci d'un séisme

Publié le par Adriana Evangelizt

 

 

A Karachi, 14 millions de Pakistanais à la merci d'un séisme

 

 

KARACHI (AFP) — La légende veut que sept saints de l'Islam protègent Karachi des désastres depuis des siècles mais les experts assurent que les 14 millions d'habitants de cette mégalopole du sud du Pakistan au développement anarchique sont à la merci d'un séisme qui serait des plus meurtriers.

 

Le Pakistan est fréquemment secoué par des séismes, dont l'un des plus meurtriers avait fait 74.000 morts et 3,5 millions de sans-abri le 8 octobre 2005 dans le nord, en particulier dans la région himalayenne du Cachemire.

 

L'inquiétude à Karachi s'est renforcée depuis qu'un tremblement de terre a tué il y a moins d'un mois plus de 300 personnes dans la province voisine du Baloutchistan, heureusement quasi-désertique.

 

Car la région de Karachi, capitale économique du Pakistan, est exactement le point de friction entre les plaques tectoniques indienne, eurasienne et arabe, ce qui fait dire aux sismologues que ce port tentaculaire sur l'océan Indien est aussi exposé aux tremblements de terre que Los Angeles. Mais infiniment plus vulnérable...

 

Car ses quartiers ont poussé comme des champignons depuis des décennies dans l'anarchie la plus totale, s'alarment les experts qui considèrent unanimement qu'une secousse importante y aurait des effets dévastateurs.

 

"On ne semble pas réaliser le danger", déplore ainsi Noman Ahmed, un architecte enseignant au département d'Ingénierie et de Technologie de l'Université de Karachi. La cité est un enchevêtrement incroyable de bâtiments de toutes les tailles, qui se frôlent, se croisent et parfois se chevauchent. Plus de la moitié de la population, qui croît au rythme de 3,75% par an, vit dans de véritables bidonvilles.

 

M. Ahmed estime qu'au moins 500.000 bâtiments de Karachi sont des constructions précaires. "A peine 5% sont édifiés dans les règles, le reste par des gens qui ne sont pas du métier", assure l'architecte. Sans parler des vieux ponts, à bout de souffle, ni des conduites de gaz et des installations électriques sauvages qui défigurent la ville.

 

Plusieurs élus locaux, comme le vice-maire de Karachi Nasreen Jalil, reconnaissent que la ville n'est pas en mesure de résister à un séisme et que les habitants n'en n'ont aucune conscience.

 

Roland De Souza, membre de l'association Shehri de défense des droits civiques à Karachi, rappelle une évidence: "Les séismes en eux-mêmes ne tuent pas, ce sont les constructions de l'Homme qui le font, quand elles s'effondrent".

 

En outre, selon lui, les autorités administratives de la ville sont loin de prendre la mesure du danger: sur un budget annuel total insignifiant de quelque 580 millions de dollars, la mairie ne peut même pas envisager sérieusement une politique de prévoyance en matière de désastres, naturels ou non.

 

"Nos ressources sont extrêmement limitées en financements et en personnel", admet Masood Alam, le chef des services de la municipalité. "Ils sont suffisants pour les catastrophes mineures mais pas pour répondre à un désastre majeur", dit-il.

 

"Nos pompiers sont courageux mais très peu nombreux", cite-t-il en exemple. "Ils ne disposent que de 50 véhicules de lutte contre les incendies alors que nous devrions en avoir au moins 365", ajoute le fonctionnaire municipal.

 

L'ancien maire Fahim Zaman Khan blâme surtout le manque de coordination des autorités qui se juxtaposent. "Seulement 40% de la ville est sous l'autorité de la mairie, le reste est géré par une trentaine d'administrations bizarres et sans liens", assure-t-il.

 

Et les médecins n'osent même pas envisager le pire, avec 10.000 lits d'hôpitaux seulement. "Nous sommes totalement incapables de répondre à un désastre important", prévient le Dr Shershah Syed, ancien secrétaire général de l'Association des Médecins du Pakistan.

 

Sources AFP

 

Posté par Adriana Evangelizt

 

Publié dans Catastrophes

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