La mer s’appauvrit en oxygène

Publié le par Adriana Evangelizt



La mer s'appauvrit en oxygène


Une équipe internationale d’océanographes a découvert que les zones océaniques tropicales appauvries en oxygène s’étendent avec le réchauffement des mers, limitant d’autant les régions dans lesquelles les poissons prédateurs et les autres organismes marins peuvent vivre ou chercher leur nourriture.

Institution océanographique SCRIPPS, Univesité de San Diego, 2 mai 2008

 

Cette nouvelle étude a été dirigée par Lothar Stramma de l’Institut Leibniz des sciences de la mer (IFM-GEOMAR) à Kiel, en Allemagne, et co-signée par Janet Sprintall océanographe appartenant au SCRIPPS ainsi que par plusieurs autres spécialistes. Les chercheurs ont découvert, en analysant une base de données des mesures de l’oxygène de l’océan, que les niveaux dans les régions tropicales à une profondeur comprise entre 300 et 700 mètres ont diminué au cours des 50 dernières années. Les impacts écologiques de cet appauvrissement pourraient avoir d’importantes conséquences biologiques et économiques.

« Nous avons trouvé la plus forte réduction à une profondeur de 300 à 700 mètres dans la zone tropicale Nord-Atlantique, alors que les changements dans l’est de l’océan Indien ont été beaucoup moins prononcés », déclare M. Stramma. « La question de savoir si ces changements observés dans le niveau d’oxygène peuvent être attribués uniquement au réchauffement de la planète reste encore en suspens. Cette réduction de l’oxygène pourrait également être causée par des processus naturels intervenant sur des échelles de temps plus courtes. »

Mme Sprintall indique que ces zones appauvries en oxygène peuvent se déplacer vers les zones côtières en raison des courants qui prennent leur source à mi-profondeur dans les océans tropicaux, là où les variations de la concentration en oxygène ont été observées, ainsi que le long de la côte ouest des continents.

« L’étendue de la zone pauvre en oxygène est en pleine expansion, et se rapproche de la surface de l’océan », déclare Mme Sprintall, qui est spécialiste de l’observation des changements des caractéristiques de l’océan, dont celle des températures.

Mme Sprintall a contribué à l’obtention des données de cette l’étude qui ont été réunies au cours des dernières campagnes entreprises dans le cadre du programme Climate Variability and Predictability (CLIVAR), une étude de longue durée gérée par le World Climate Research Program, visant à comprendre le climat à travers l’étude de l’interaction océan-atmosphère.

Cette étude intitulée « Élargissement des zones pauvres en oxygène dans les océans tropicaux, » a paru dans l’édition du 2 mai de la revue Science. L’équipe de recherche rassemblait M. Stramma, Mme Sprintall, Gregory Johnson de la NOAA, et Volker Mohrholz de l’Institut de recherche sur la mer Baltique à Warnemünde, en Allemagne.

L’équipe a sélectionné les régions océaniques pour lesquelles ils pourraient obtenir la plus grande quantité de données leur permettant d’étudier la baisse de la concentration d’oxygène. Parmi les données les plus récentes certaines proviennent de capteurs d’oxygène qui ont été installées sur environ 150 bouées du programme Argo, un réseau mondial de capteurs qui mesurent les caractéristiques des océans telles que la température et la salinité. Il y a plus de 3000 bouées Argo dans les océans du monde, rappelle Mme Sprintall et la qualité des données recueillies par ces appareils amène a considérer qu’un plus grand nombre d’entre eux devraient être équipés de capteurs d’oxygène.

Lisa Levin, une océanographe spécialisée en biologie au SCRIPPS, qui étudie les zone pauvres en oxygène dans les fonds marins, observe qu’une extension de ces régions pourrait entraîner une diminution de la biodiversité et une progression des organismes qui se sont adaptés à vivre dans les milieux hypoxiques, c’est à dire pauvre en oxygène.

« Je pense que nous entrons dans une terra incognita, » note Mme Levin. « Ces zones pourraient avoir une incidence sur le cycle nutritif, les relations entre les prédateurs et leurs proies et les migrations du plancton. Lorsque l’expansion de ces zones va empiéter sur les marges continentales, on pourrait assister à d’énormes changements dans les écosystèmes. »

Voir aussi :

Science : Marine Life Gasping for Breath ?

Levels of dissolved O2 have dropped in some cases by more than 15% during the past 5 decades. Areas such as the tropical Atlantic off the African coast suffered even more dramatic changes, says physical oceanographer and co-author Janet Sprintall of the Scripps Institution of Oceanography in San Diego, California. The top-to-bottom thickness of the low-oxygen zone in that region has expanded by 85% during that time, the team reports tomorrow in Science.

Los Angeles Times Oxygen-poor ocean zones are growing

Publication originale SCRIPPS - Université de San Diego, traduction Contre Info

Illustrations : concentrations en oxygène à une profondeur de 400 mètres. Unité : micromole d’oxygène par kilo

Sources
Contre Info

Posté par Adriana Evangelizt

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