De l'uranium suspect décelé dans la nappe phréatique au Tricastin

Publié le par Adriana Evangelizt




De l'uranium suspect décelé dans la nappe phréatique au Tricastin


La crise engendrée par la fuite d'uranium survenue le 7 juillet dans une unité de traitement de la société Socatri, au Tricastin (Vaucluse), pourrait rebondir. Certes, la préfecture du Vaucluse a levé en partie les interdictions d'usage de l'eau, le long des cours d'eau où une partie des effluents radioactifs s'étaient déversés : les mesures faites par la filiale d'Areva ne relèvent plus, dans les eaux de surface, de dépassements de la norme de potabilité fixée par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) à 15 microgrammes d'uranium par litre (µg/l).

Certes, l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), qui avait ordonné la fermeture de l'unité de traitement défaillante après une première inspection, jeudi 10 juillet, a constaté lors d'une deuxième visite, samedi, que ses prescriptions avaient été respectées : la Socatri a achevé la vidange du bac de rétention "fuyard" ; elle a mis la terre contaminée en lieu sûr et a nettoyé le réseau d'eaux pluviales souillé, avant qu'un orage ne vienne s'en charger. Elle estime que la teneur d'uranium dans l'effluent était de 8 g/l et non de 12 g/l.

 

POLLUTION ANTÉRIEURE ?

 

Mais il reste plusieurs zones d'ombre. La plus préoccupante concerne la présence, encore inexpliquée, de teneurs en uranium plus élevées que la normale dans divers points de la nappe phréatique. Compte tenu de la vitesse de diffusion de l'uranium, ces concentrations n'auraient pas dû être relevées. Sur un point de prélèvement, nommé AEP4, situé à deux kilomètres au sud de la Socatri, la teneur est montée jusqu'à 64 µg/l le 8 juillet, et restait à 36,6 µg/l le 13 juillet.

Dans une ferme avoisinante, elle se situait autour de la limite fixée par l'OMS - soit presque dix fois au-dessus du "bruit de fond" enregistré habituellement dans la nappe. "Ces valeurs ne peuvent être expliquées par le rejet accidentel", estime l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN). Le point AEP4, situé chez un particulier, déconcerte les autorités : la teneur en uranium fluctue, l'eau prélevée au puits présentant des concentrations moins élevées que celles mesurées au robinet qu'il alimente.

Cette découverte renvoie à une étude récemment conduite par l'IRSN, la Direction départementale de l'action sanitaire et sociale et Areva sur la nappe phréatique du Tricastin. "Elle avait mis en évidence des marquages à l'uranium en certains points, entre 10 et 15 µg/l, sans que l'on puisse préciser leur source, indique Didier Champion, directeur de l'environnement à l'IRSN. On ne peut exclure qu'il y ait eu des rejets antérieurs, à l'origine d'une pollution à l'uranium." Soucieuse d'éclaircir ce point, la préfecture du Vaucluse ne prévoit pas de modifier ses prescriptions sur l'usage de l'eau avant plusieurs jours. Le temps aussi de collecter les résultats des analyses de sédiment, de plantes et de poisson issus des cours et plans d'eau souillés.

Reste également aux autorités à analyser le respect ou non des procédures l'alerte des différents services de l'Etat, des élus et des populations. La défaillance de la Socatri semble patente : une alarme signalant un niveau élevé d'effluent dans la cuve s'est déclenchée à 19 heures lundi 7 juillet. Le débordement a été constaté à 23 heures, mais ce n'est qu'à 4 heures le lendemain que la fuite en dehors de la cuve de rétention, accidentellement fendue lors de travaux récents, a été détectée. Le plan d'urgence interne a été déclenché à 6 h 15, l'ASN et la préfecture de la Drôme étant prévenues une heure plus tard. Que s'est-il passé pour que certains maires ne soient pas avertis avant 13 h 30 ? Et pour que l'IRSN ne soit alerté qu'à 11 h 30 ? "Pourquoi l'exploitant n'a-t-il pas déclenché l'alerte nationale ?, s'interroge Didier Champion. Nous avons perdu une demi-journée pour conduire nos analyses sur place." Diverses enquêtes, administratives et judiciaires, devront le déterminer.

Hervé Morin

Sources
Le Monde

Posté par Adriana Evangelizt

Publié dans Nucleaire

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