1 - La grippe aviaire: une aubaine pour "Big Chicken"

Publié le par Adriana Evangelizt

 Quelques articles pour bien comprendre que la grippe aviaire arrange bien des profiteurs. Et que l'Organisation Mondiale de la Santé montre là son vrai visage. A savoir qu'elle est du côté de l'argent et des monopoles pharmaceutiques mais pas des pauvres. L'apparition de la grippe aviaire a fait apparaître clairement une chose... tous les petits élevages sont condamnés à être éradiqués au profit de l'élevage industriel. Ce qui fait donc partie de la statégie du nouvel ordre mondial. Avec les OGM, ils veulent s'accaparer de toutes les plantes de la planète moyennant brevets et avec la grippe aviaire, ce sont tous les animaux qui sont en danger et par là même l'humanité entière.

Pour voir les bénéfices procurés par l'industrie pharmaceutique lire sur le site du gouvernement  L'industrie pharmaceutique en France

Vu la longueur des articles, nous sommes obligés de les couper en plusieurs parties...

 



 La grippe aviaire: une aubaine pour "Big Chicken"

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La crise de la grippe aviaire continue de faire rage. Il y a un an, alors que les gouvernements s’entêtaient à mettre en place des équipes de surveillance dans les zones humides et que l’Organisation pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) montrait d’un doigt accusateur l’abondante volaille élevée à la ferme en Asie et en Afrique, GRAIN et d’autres groupes faisaient remarquer que c’était bien l’élevage de volaille industriel à large échelle et le commerce mondial de la volaille qui propageaient la grippe aviaire - et non les oiseaux sauvages ou ceux de basse-cour. Aujourd’hui, tout le monde le sait, même si on ne fait pas grand chose pour contrôler la source industrielle du problème, et les gouvernements continuent à débiter impudemment la théorie de l’oiseau sauvage afin d’échapper à leurs responsabilités. Il y a à peine quelques semaines, les autorités moscovites ont attribué aux oiseaux migrateurs un cas de grippe aviaire aux abords de la ville – au beau milieu de l’hiver russe.

Cependant, un aspect bien plus sinistre de la crise de la grippe aviaire commence à devenir plus apparent. L’année dernière, nous alertions sur le fait que la grippe aviaire servait à favoriser les intérêts de puissantes compagnies, mettant en danger les moyens d’existence et la santé de millions de personnes. Aujourd’hui, plus que jamais, l’agrobusiness utilise cette calamité pour consolider ses chaînes alimentaires ferme-usine-supermarché alors que ses concurrents des petites fermes sont criminalisés. De leur côté, les sociétés pharmaceutiques exploitent les bonnes volontés investies dans la base de données mondiale des échantillons de grippe pour profiter des marchés captifs prêts à tout pour avoir des vaccins. Deux agences des Nations Unies – la FAO et l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) – sont au centre de  cette affaire, utilisant leur stature internationale, l’accès aux gouvernements et le contrôle sur les financements des donateurs pour favoriser les programmes des compagnies.

Mise à mort du secteur de l’élevage à petite échelle.

Les autorités chargées de s’occuper de la grippe aviaire reconnaissent enfin le rôle joué par le commerce de la volaille dans la propagation du virus. Avec beaucoup de retard. La première vague de grippe aviaire en Asie du Sud-Est – Vietnam, Thaïlande, Cambodge, Laos et Indonésie – s'est produite dans des élevages industriels intensifs confinés. Cependant aucune enquête approfondie n’a jamais été menée expliquant pourquoi cette maladie s’est déclenchée précisément dans ces fermes-là et comment elle s’est propagée à partir de là. La même chose est arrivée en Turquie et en Egypte, où les oiseaux sauvages et les volailles de basse-cour ont rapidement été incriminés tandis que les compagnies avicoles qui fournissaient en oiseaux les marchés et les producteurs de « basse-cour» au moment où la maladie faisait rage à travers toute l’industrie, n'étaient pas inquiétées. Même en Corée du Sud, où une volaille saine élevée en plein air peut picorer aux abords de fermes touchées par la maladie, les autorités sont obsédées par le rôle joué par les oiseaux sauvages. Ce n’est qu’en février dernier au Royaume-Uni que le mythe des grandes exploitations « biosécurisées » a volé en éclats et que le voile dissimulant les nombreuses voies de propagation de la grippe aviaire à travers les élevages industriels transnationaux a été levé.  Les autorités locales ont tout d’abord accusé les oiseaux sauvages de la contamination survenue dans un grand élevage industriel appartenant au géant de la volaille industrielle Bernard Matthews et la compagnie a rejeté les informations diffusées par les médias sur un lien possible avec ses activités en Hongrie, déclarant que celles-ci étaient éloignées de la zone où la grippe aviaire s’était récemment déclenchée en Hongrie. Mais les deux explications se sont effondrées lorsqu’un inspecteur assermenté a trouvé un emballage dans les locaux de la compagnie anglaise prouvant que la viande provenant d’un abattoir de la zone infectée par la grippe aviaire en Hongrie avait effectivement été traitée dans l’exploitation anglaise juste avant le déclenchement de la crise.

Maintenant retournons à l’épicentre asiatique de la crise, où le message aux éleveurs de volaille est toujours «  Grandissez, grandissez vraiment ou disparaissez » En 2006, conformément à un programme signé entre son gouvernement et les Nations Unies, le Vietnam a présenté un plan de 10 ans qui, selon les termes de son Ministre de l’agriculture, vise à transformer son secteur avicole en « une industrie moderne et à grande échelle en termes d’élevage, d’abattage et de consommation.» Le gouvernement a commencé par interdire la volaille vivante dans les centres urbains, mettant fin à des milliers d'élevages en basse-cour. Ensuite, de nouvelles réglementations sur le commerce et l’abattage de la volaille dans les zones résidentielles sont entrées en vigueur. Les petits marchés et les bouchers ont fermé, et les abattoirs ont été déménagés dans quelques installations autorisées à la périphérie des villes. A Ho Chi Minh ville, plus de 200 marchés locaux vendaient des poulets avant la crise de la grippe aviaire ; aujourd’hui les poulets ne peuvent être vendus légalement que dans les supermarchés et dans les “points de vente” des exploitations industrielles. Le nombre d’abattoirs dans la ville a chuté de 50 à trois. Ces changements entraînent la ruine des petits producteurs car les supermarchés et les nouveaux abattoirs ne vendent que de la volaille certifiée selon des normes auxquelles les petits éleveurs ne peuvent se conformer. Les trois ou quatre compagnies qui contrôlent la production industrielle vietnamienne de volaille ne détiennent donc pas seulement les marchés urbains, elles disposent également pour leurs activités florissantes de production et d’abattage d’une force de travail à bas prix constituée de paysans contraints à l'exode rural. 

La restructuration est vite devenue une aubaine pour la compagnie qui a probablement été la première à introduire la grippe aviaire au Vietnam. « Charoen Pokphand (CP) réussira à transformer une crise en occasion de se développer,» déclare Sooksunt Jiumjaiswanglerg, président de CP Vietnam Livestock. La multinationale géante basée en Thaïlande, qui fournit des chaînes d’alimentation rapide d’Asie comme KFC, contrôle près de 80 % de la production industrielle vietnamienne de poulet et prévoit une croissance de 30 % par an dans le pays. Au Vietnam, CP est le principal fournisseur de la chaîne de supermarché BigC appartenant à un français et en voie d’ouvrir plus de 100 de ses propres boutiques CP Fresh Mart et 200 à 300 échoppes de poulets rôtis CP.

Cependant, dans un pays où on estimait qu’environ 80 % de la production avicole était, du moins jusqu’à récemment, entre les mains de petits producteurs et où plus de 70 % des ménages vietnamiens élevaient de la volaille, on ne s’étonnera pas que de nombreux éleveurs de volailles indépendants prennent le risque de continuer clandestinement. Phan Anh Tam est un petit éleveur de canards élevés en plein air, il vient de la province de Tay Ninh au Sud-Ouest du Vietnam, et son élevage entier a été abattu pendant la crise de 2003. Interviewé à la chaîne IPS News, il explique qu’il n’avait pas trop le choix, hormis celui d'enfreindre la nouvelle loi et de continuer son élevage. “S’ils veulent les tuer, qu’ils tuent donc mes enfants, car ces canards sont les seuls moyens de les nourrir,” dit ce père de cinq enfants.
 
Malgré leur statut d’"expert",
ceux qui essaient de proscrire la volaille de basse-cour ne s’appuient sur aucun élément tangible. La seule étude scientifique vérifiée par des pairs visant à comparer les risques encourus entre les fermes familiales et les exploitations industrielles, reposant sur des données recueillies lors de la vague de grippe aviaire de 2004 en Thaïlande, a conclu que « les volailles de basse-cour risquent bien moins d'être infectés (par la grippe aviaire) que les poules au pot, poules pondeuses ou cailles des opérations à échelle commerciales." Ni ces "experts" ni les autorités ne suivent leurs conseils, répondant aux besoins de la grande majorité des personnes touchées. Si des éleveurs désobéissent aux ordres de tuer leurs volailles, ce n’est pas parce qu’ils ne comprennent pas les dangers potentiels de la maladie, mais parce que leurs moyens d’existence sont en jeu et que compensés ou non, ils n’ont pas les moyens d’acheter dans les supermarchés.

C’est la raison principale pour laquelle la FAO et l’industrie ont tellement de mal à imposer des approches normalisées. La Thaïlande a agi uniquement de manière à protéger ses activités exportatrices, c'est pourquoi elle a évité la vaccination et s'est concentré sur l’abattage de masse et la restructuration. La Chine et le Vietnam, contre l’avis international, ont opté pour une vaccination en masse. D’autres pays, comme le Nigeria, font du sur-place s'efforçant de chercher un moyen de plaire aux donateurs et à l’industrie sans déclencher une révolte dans les populations, dont les moyens d’existence et la sécurité alimentaire dépendent des systèmes traditionnels de production de volailles.

L'application de la recette rencontre des problèmes en Indonésie

Les choses deviennent particulièrement délicates en Indonésie où la grippe aviaire fait le plus de dégâts. D’un coté, le gouvernement central tente d’apaiser les donateurs et les grandes entreprises en suivant l’exemple vietnamien et thaï. Il a préconisé l’abattage de masse et l’interdiction des oiseaux vivants, loi qui est entrée en vigueur le 1er février 2007 à Jakarta et dans les neuf autres provinces où la grippe aviaire est la plus installée. Le Ministre de la Santé, Siti Fadilah Supar, a même déclaré que les interdictions couvriraient bientôt tout l’archipel. Les nouvelles réglementations pour l'élevage, l’abattage et la vente au détail de la volaille se décident aussi en coulisses entre l’industrie, le gouvernement et les agences des Nations Unies. Illustrant bien ce qui va se passer, Jakarta a déjà indiqué les sites pour le déménagement des abattoirs, les locaux de stockage et les marchés aux volailles. Et utilisant des mots qui auraient être aussi bien prononcés par son homologue vietnamien, le ministre de l’Agriculture Anton Apriyantono a déclaré aux journalistes, « les élevages de volailles pourraient éventuellement être intégrés aux abattoirs. Et de l'autre côté, le gouvernement laisse la grande industrie tranquille. Pour les exploitations commerciales à grande échelle – où malgré leurs dénégations répétées, la grippe aviaire reste un problème – tout est facultatif. Pire encore, le gouvernement et le public ne peuvent pratiquement rien faire hormis ‘accepter’ ce que l’industrie leur dit car il existe toujours un texte de loi qui empêche les inspections de l’exploitation sans la permission de la compagnie. Si une telle loi existait au Royaume-Uni, nous n’aurions jamais connu l'origine de l'important cas de contamination dont ce pays vient de souffrir.

Bien entendu, les mesures imposées par le gouvernement indonésien ne s'accordent pas du tout avec la vie quotidienne de la population. C'est ainsi que beaucoup de monde n’en tient tout simplement pas compte. D'où le recours fréquent du gouvernement à l’armée pour les imposer de force. A Jakarta, à peine 24 heures après l’entrée en vigueur de l’interdiction, on pouvait acheter des oiseaux vivants presque partout.
 
« Les pratiques traditionnelles d'élevage de la volaille sont profondément ancrées dans notre culture et elles sont cruciales pour les moyens d'existence de la population," explique Riza Tjahjadi de la Fondation Biotani Indonesia installée à Jakarta. "Le gouvernement aura vraiment beaucoup de mal s'il s'attend à ce que les gens abandonnent leurs oiseaux et leurs marchés de proximité
pour les poulets congelés des supermarchés."

En effet, les gens commencent à se mobiliser. Le 27 février 2007, Sebindo (Serikat Buruh, syndicat informel des travailleurs d'Indonésie) a organisé une manifestation lors d'une réunion du Parti démocrate de la lutte d'Indonésie, dirigé par l'ancienne présidente Megawati Sukarnoputri. La manifestation faisait partie de la campagne de Sebindo pour qu'une information plus réaliste soit donnée au public sur la grippe aviaire et pour pousser le gouvernement à mener des actions plus cohérentes. Ils ont accusé à la fois le gouvernement et les médias d'avoir diffusé une version profondément erronée du problème.

Avec l'ordre d'abattage en masse, disent-ils, "La petite industrie avicole de l'Indonésie a été déclarée l'ennemie et jugée coupable". C'est ainsi que le pays est en train de persécuter son peuple et ses propres traditions. De plus, avec l'ordre de déplacer et d'intégrer l'industrie avicole, le gouvernement pousse délibérément le pays dans la dépendance vis à vis de quelques grosses fermes industrielles et des importations de l'étranger, sans garantie non plus que ce choix épargnera le pays de la grippe aviaire. Dans l'ensemble, il est dit de manière pernicieuse au pays qu'il n'a à s'en prendre qu'à lui-même, détruire son secteur et ses traditions avicoles et compter à la place sur l'industrie avicole transnationale, alors que la meilleure solution d'après le syndicat est de promouvoir une vie plus saine et une véritable biosécurité.

Dans les îles, les gouvernements locaux, face à la résistance populaire, ignorent aussi les directives centrales en provenance de Jakarta. Le gouverneur de Java du Centre, avec les éleveurs et les vendeurs de volailles menaçant de manifestations de masse, a jusqu'à présent refusé de mettre en application la directive centrale d'interdire et d'abattre les oiseaux de basse-cour, invoquant les conséquences sur la sécurité alimentaire des populations. A Yogyakarta, le parlement provincial est aux prises avec les vétérinaires, les agriculteurs et les étudiants du Forum Peduli Perunggasan Indonesia (Forum des préoccupations pourla volaille indonésienne) qui protestent sur ses mesures, demandent un rejet de la politique d'abattage en masse et soutiennent l'élevage de volaille en basse-cour et la diversité des volailles.

Il est évident que l'agrobusiness souffre, au moins à court terme, quand un cas de grippe aviaire est déclaré. Mais, que ce soit en Indonésie ou en Russie, en Inde ou en Egypte, les gouvernements et les diverses agences internationales sont rapidement venues au secours de l'industrie, et se sont même arrangées pour transformer la crise de la grippe aviaire en opportunité pour les plus grosses entreprises de renforcer leur contrôle sur le long terme. Ces entreprises, de CP en Thaïlande à Tyson aux Etats-Unis, ont fait beaucoup d'efforts pour s'assurer que cela se passe ainsi. En Octobre 2005, les plus grosses compagnies avicoles du monde se sont réunies pour former le Conseil avicole international, afin de rapidement défendre et mettre en avant une position unie sur la politique à mener pour la grippe aviaire. Il existe aussi la Commission internationale de l'œuf, un lobby d'entreprises qui possède un mandat similaire et un fonctionnement par adhésion. Ces deux organisations ont des statuts officiels et des accords formels avec des organismes influents comme la FAO et l'organisation mondiale de santé animale, ce qui leur octroie une influence directe sur l'organisation de la politique à mener pour la grippe aviaire. Les petits producteurs et vendeurs de volaille n'ont pas accès à ces organismes; ils ont été totalement laissés en dehors des processus de décision, à la fois aux niveaux national et international, et cela se voit.

A suivre...

Posté par Adriana Evangelizt

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